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Montceau « Ça fumait de tous les côtés »

20 Mars 2015 , Rédigé par REVEL Stephane

Aujourd’hui, René a 87 ans. Né à Saint-Vallier, cet ancien mineur se souvient, comme si c’était hier, de la ville occupée par les Allemands puis de la fermeture des mines. Il raconte.

Ici, à Montceau, ça fumait de tous les côtés ! », se souvient René Benoit, ancien mineur. Né à Saint-Vallier, aux Bois Francs, fils de mineur de fond, René savait dès son plus jeune âge qu’il allait faire carrière dans les mines : « À l’époque, on ne nous demandait pas notre avis. C’était comme ça, la suite logique. »

C’est tout naturellement qu’à l’âge de 14 ans, il est allé s’inscrire au travail, accompagné de son père. « Dans le temps, il y avait du boulot partout. Il suffisait de s’inscrire pour en avoir, Rappelle-t-il. J’ai commencé à travailler au crible 3, aux Alouettes. C’était à la place de l’Embarcadère. Ça a beaucoup changé », constate René.

Pour se former, alors qu’il avait déjà commencé à travailler, il se rendait deux fois par semaine à l’école de la mine : « C’était à la 9e. On nous apprenait à faire des “gueules de loup”, explique-t-il. On nous emmenait dans une carrière à ciel ouvert pour nous montrer les galeries et nous apprendre à les boiser, pour les faire tenir. »

Un travail harassant, récompensé par un moindre salaire. « Je me souviens de ma toute première paye. J’avais gagné 300 francs (NDLR : l’équivalent aujourd’hui de 101,904 €). On ne gagnait pas charrette, commente René. Heureusement, il y avait la fête des mineurs, la Sainte-Barbe. Pour l’occasion, les hommes recevaient un paquet de cigarettes et les femmes, un paquet de café ».

Après deux ans de crible, René est descendu « à la voie normale », à la Maugrand, en préparation mécanique. Enfin, il avait « l’âge de toucher aux machines » : « Je suis devenu aiguilleur. On écoutait les ordres du chef de manœuvre pour diriger le machiniste qui emmenait les wagons pleins de charbon au triage. »

En 1947, il a fallu que René effectue son service militaire. Il est donc parti en Allemagne, en Forêt-noire, où il a passé un diplôme d’infirmier : « J’aurais pu devenir infirmier mais en rentrant du régiment, j’ai réalisé que je préférais nettement travailler avec les machines » assume-t-il fièrement.

Petit à petit, à force de travailler, le Valloirien a monté les échelons et est rapidement passé d’aiguilleur à chef de manœuvre pour terminer sa carrière comme machiniste, au lavoir des Chavannes.

« J’y ai passé seize années. On sortait 300 wagons par jour, on les triait par ordre de départ pour transporter le charbon. En gros, on faisait le tacot », résume cet ancien mineur qui est parti en retraite à l’âge de 55 ans, en 1982. « Mon patron ne voulait pas me laisser partir mais je n’en pouvais plus et ce que je voulais, c’était qu’on embauche des jeunes, à ma place », confie René.

Ému, il rappelle ce qu’il a ressenti lors de la fermeture des mines : « Ça m’a fait beaucoup de peine. Des puits ici, il y en avait, du travail aussi. Mais tout s’est arrêté. Je me souviens de la fermeture du puits Darcy (NDLR : près de l’Ecuyer), en 1992. On avait tous défilé de la 9e jusqu’au puits Darcy. »

Les yeux embués de larmes, René termine : « La Saône-et-Loire, c’était le seul département qui pouvait vivre par lui-même avec l’industrie et le textile. C‘était une très belle époque. »

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