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La catastrophe de Liévin gravée dans les mémoires

6 Mars 2011 , Rédigé par REVEL Stephane Publié dans #Patrimoine minier

Presque 70 ans après Courrières, le bassin minier du Pas-de-Calais est victime d'un nouveau drame. Un coup de grisou emporte la vie de 42 mineurs à Liévin. C'était en 1974. Pourtant, 36 ans après, la douleur des familles et des anciens mineurs reste toujours aussi vive. Vendredi 27 décembre 1974. Il est 6 h 15 du matin lorsqu'une explosion retentit au fond de la fosse 3 de Lens. « Tout s'est passé très vite, raconte Salvator Ranieri. Ça a fait boom, j'ai senti un souffle au-dessus de ma tête, et tout s'est mis à s'effondrer. Je ne voyais plus rien, mais j'ai quand même réussi à me sauver et à remonter au jour. » L'ancien mineur de 77 ans et l'un des derniers rescapés de la catastrophe de Liévin, mesure, aujourd'hui encore, sa chance. D'où son émotion lors de l'énumération des noms de ses 42 camarades qui n'en ont pas eu autant. Ceux-là mêmes dont il avait « serré la main avant le service », quelques heures plus tôt.
Parmi eux, Edmond Kaczmarek, 43 ans, père de trois enfants et mari dévoué. La seule évocation de cette date maudite suffit à raviver la douleur de Jeannine, son épouse. « Ça fait 36 ans mais on y pense toujours, parvient-elle à glisser entre deux sanglots. Les gardes des mines sont venus frapper à la porte pour nous alerter de l'accident mais ce n'est qu'en fin de matinée que j'ai su qu'il ne reviendrait plus. » Depuis, elle n'a jamais manqué une seule cérémonie commémorative qui, chaque année, se déroule autour de la stèle Saint-Amé. L'occasion pour le maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, de rappeler que dans ce puits, comme dans tous ceux qui ont essaimé le département, « c'est toute l'Europe et l'Afrique du Nord qu'on retrouve ». Et, avant tout, une grande famille restée unie par-delà les frontières. En témoignait la présence, hier matin, d'une délégation d'anciens mineurs et parents de mineurs belges (lire ci-dessous). Car « à chaque fois qu'il y a une catastrophe, quel que soit l'endroit dans le monde, c'est toute la corporation qui est touchée en plein coeur », confie l'un d'eux, évoquant, notamment, le récent calvaire des 33 Chiliens restés piégés pendant 70 jours à près de 700 mètres sous terre.
À travers l'hommage rendu aux 42 victimes de Liévin, c'est la mémoire de tous les travailleurs du fond que n'ont pas manqué de saluer les veuves et les anciens mineurs venus, pour certains, avec leurs enfants et leurs petits-enfants. À l'instar de Salvator qui, après s'être muré dans le silence les trois mois qui ont suivi le drame dont il a été le témoin direct, juge désormais indispensable et nécessaire « le devoir de mémoire ».

Publié le mardi 28 décembre 2010 à 06h00 Nord Eclair CÉLINE DEBETTE

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