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Les archives de l'ANGDM à Noyelles : une vraie mine d'or pour la mémoire

27 Juillet 2011 , Rédigé par REVEL Stephane Publié dans #Patrimoine minier

Un million cinq cent mille mineurs ont leur place aux archives de l'Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs (ANGDM), fosse 23 à Noyelles-sous-Lens. Il en était question, vendredi soir, lors du conseil de la communauté d'agglomération de Lens-Liévin qui s'est penché sur le projet «  Mineurs du monde ». Les élus ont la volonté d'ouvrir ces archives au public. Précisant que le projet n'a pas dépassé le stade de la réflexion, l'administration nous a permis de découvrir 12,5 kilomètres de dossiers bien conservés.

 

PAR PHILIPPE BESSIN

 

lens@info-artois.fr PHOTO DELPHINE PINEAU

« Notre ambition est de tout numériser », évoque Jean-Pierre Kucheida à propos des archives de l'ANGDM que le président de la CALL souhaite voir ouvertes au public. Après le maire de Lens quelques semaines plus tôt, celui de Liévin a parlé de l'ancien cinéma du Cantin à l'arrière de la Maison syndicale à Lens comme possible site d'hébergement. Voilà pour le projet émanant de la sphère politique régionale.

Pour l'administration, on n'y est pas encore. Le directeur général de l'ANGDM nous a ouvert, jeudi, les portes coupe-feu ouvrant sur 12,5 kilomètres de dossiers individuels de mineurs. Une vraie mine d'or pour qui cherche la trace d'un aïeul qui a travaillé à la mine. Mais attention, on ne rentre pas comme dans un moulin. L'agence gère des dossiers confidentiels dits « d'actualité ». Ce sont les avantages en nature (chauffage, logement), préretraite, retraite anticipée... qu'elle établit pour 160 000 retraités des mines et veuves sans oublier les 1 000 personnes encore en activité. Ce sont encore 250 000 archives dites intermédiaires : des personnes ayant travaillé un temps aux mines, peuvent se manifester pour bénéficier de leurs droits. Pour la dimension historique, la liste s'élargit à 1 500 000 dossiers individuels remontant au XIXe siècle.

Pas ouvertes

Parlant de dossiers individuels plutôt que d'archives, l'agence nationale précise toutefois que ces documents sont régis par la loi des archives nationales. La confidentialité totale est de mise 50 ans après le décès de l'intéressé. « Si les enjeux culturels sociologiques, historiques de ces dossiers individuels sont nombreux et suscitent beaucoup d'intérêt, il n'en demeure pas moins que les préalables à une mise à disposition de ces dossiers au public ou à des collectivités locales ne sont pas encore levés », précise cet organisme d'État qui a remplacé l'ANGR, en 2005, sur la fosse 23, alors que le centre de gestion des droits des mineurs des HBNPC s'était élargi à l'ensemble des mineurs et mines de France, de la potasse d'Alsace aux salins du Midi.

Sur 6 000 mètres cubes, les locaux sont sécurisés, pourvus d'une sécurité incendie. L'hydrométrie est surveillée étroitement, ce qui permet de conserver dans un état remarquable des documents dont le plus vieux remonte à 1792. Les anciens « cartons » sont ainsi classés dans des petits tiroirs de fer.

Jusqu'au début du XXe siècle, les compagnies des mines ne prenaient pas de gants avec les droits des mineurs qui n'existaient pas ou si peu. Au fil des années et des conquêtes sociales, les dossiers ont pris du volume pour s'installer entre de hautes étagères. On songe enfin aux copieux tests psychotechniques qui alimentèrent les dossiers des derniers embauchés du fond, en 1981, au moment de l'ultime relance du charbon par François Mitterrand et Pierre Mauroy.

Les 1 099 de Courrières

Cette rapide visite donne envie d'aller beaucoup plus loin dans les recherches. On picore au fil des dossiers des informations intéressantes comme les mentions relatives à une activité syndicale ou politique, des faits relatifs à la vie personnelle, la trace d'un garçon qui descendit à l'âge de six ans.

Mais aussi cette boîte grande comme une boîte à chaussures contenant un groupe de mineurs chinois de 1916. Ces hommes y étaient qualifiés de « rudes », « courageux ». D'autres sont en photo comme ces jeunes Ukrainiens qui travaillèrent à Lens sous l'occupation allemande. Et puis cette longue rangée de fiches, ce sont les 1 099 victimes de la catastrophe de Courrières ! Une vraie mine d'or, au point qu'on voudrait se faire petite souris pour y passer, de temps en temps, comme on va à la bibliothèque. •

 

dimanche 26.06.2011, 05:14  - La Voix du Nord
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