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Il y a 15 ans, la mine fermait

27 Août 2012 , Rédigé par REVEL Stephane Publié dans #Patrimoine minier

On a tendance à l’oublier, mais parmi les plus de 3 000 mineurs qui ont un jour travaillé au sein des Houillères du Dauphiné, certains n’ont jamais vu le fond, 320 mètres plus bas. C’est même l’inverse. « J’ai passé 18 ans à La Mure à 40 mètres au-dessus du puits de Susville, au lavoir », explique Alain Giovaresco.

Cet enfant du pays a passé toute son enfance à La Motte-d’Aveillans. C’est un taiseux, de ceux qu’il faut pousser à raconter, à se souvenir. Un vrai Matheysin, qui a intégré la mine à 21 ans, à la sortie de l’armée. « Mon père y avait fait sa carrière et ils avaient toujours besoin de monde. »

Une solidarité, une vraie

Ce jour-là, le 10 avril 1978 exactement, c’est donc au lavoir qu’il est affecté. « On pratiquait la préparation mécanique du charbon extrait de la mine. » En d’autres termes, il participait à la transformation du charbon brut en produits commercialisables, répondant aux exigences des clients de la mine.

« On était soixante en moyenne. J’y ai fait tous les postes : laveur, flotteur, chargeur de camions, chef d’équipe, agent de maîtrise puis, à la fin, chef de service. » Alain Giovaresco loue l’ambiance qui régnait dans ce lavoir. « On se retrouvait souvent en dehors pour se filer un coup de main. Un samedi, on a quand même coulé une dalle de béton d’un mètre cube chez moi à douze. Alors qu’à deux, on y serait arrivé sans souci… »

Il évoque également une ambiance différente de celle des mineurs qui se retrouvaient au fond, tous les jours. « Ils étaient en permanence face au risque et savaient qu’à tout moment, ils pourraient avoir à compter sur leurs camarades pour s’en sortir. »

Le fond, notre ancien mineur ne l’a pratiquement jamais affronté. « Je suis descendu quatre ou cinq fois en 18 ans. C’était lorsqu’il fallait faire des réparations sur des canalisations. » Très honnêtement, il avoue ne pas avoir ressenti grand-chose : « Je pensais que je me sentirai plus mal, mais non. » Il concède néanmoins qu’il « n’aurait échangé sa place au lavoir pour rien au monde. »

« Si tout le monde avait fait son boulot… »

À partir de 1983, il a connu le lent déclin de la mine. Jusqu’à sa fermeture, en 1996. « J’avais demandé à partir l’année précédente, mais mon chef de service n’avait pas voulu. En février 1996, vu la situation, il a accepté. Et comme j’étais à cinq ans de la retraite, je suis allé à Saint-Étienne pour intégrer un laboratoire qui faisait des prélèvements dans les carrières, avant d’intégrer le service commercial de Charbonnage de France. » Il prend alors sa retraite, le 10 avril 2002, 18 ans jour pour jour après avoir rejoint la mine de La Mure.

Alain revient s’installer sur le plateau matheysin dans la foulée et intègre l’association qui gère le musée de la Mine Image, sur la commune de La Motte-d’Aveillans. Avec en tête, une certitude : « Si tout le monde avait fait son boulot à la mine, à tous les niveaux, elle existerait toujours. Mais la politique nationale était de toutes les fermer… »

Pour un taiseux, Alain Giovaresco avait en fait beaucoup de choses à dire.

 

Baptiste CAMILLERI le 02/08/2012 Le Dauphine Liberée

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