Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le moulinage en Ardeche

27 Novembre 2011 , Rédigé par REVEL Stephane Publié dans #Patrimoine industriel

Le moulinage, est la deuxième étape du travail de la soie.
Celui-ci c'est développé en Ardèche à partir du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle.
Situé entre entre les régions productrices de soie (Languedoc, Vaucluse) et la soierie lyonnaise le département de l’Ardèche est parfaitement situé pour cette activité.
Duranr deux siècles la sériciculture puis le moulinage se développèrent au point de permettre à l'Ardèche de tenir, au XIXe siècle, un rôle de tout premier plan.
En 1909, 590 moulinages emploient 13 000 ouvriers, soit 45% de l'effectif national relatif à cette industrie.
 
Le bâtiment :
Celui-ci est constitué d'un bâtiment allongé, en fond de vallée, et éclairé d'étroites fenêtres régulières.
On trouve un canal acheminant l'eau de la rivière qui sert a fournir la force motrice. 
Le moulinier, le contremaître ainsi que les bureaux se trouvent au rez de chaussée du batiment généralement du coté route.
Les ouvrières ont leurs chambres ou leurs dortoirs à l’étage.
Le travail s'effectue au sous sol ou se trouve la fabrique avec ses moulins et ses banques.
Le sous sol est une vaste pièce à demi enterrée afin de maintenir une température de 25°C et une humidité de 85% nécessaires au travail du fil de soie.
 
Le travail du moulinage :
La filature consiste a dévider le cocon et à réunir plusieurs fils ensemble afin d'obtenir un calibre suffisant, permettant de consolider le fil et d'obtenir plusieurs qualités de fil (organsin, crêpe, voile…).
Cela s'effectue en plusieurs étapes.
Étape 1 : Trempage de la soie dans un liquide légèrement huileux pour l'assouplir.
Étape 2 : Le dévidage consistant à enrouler le fil d'une flotte placée sur une tavelle (sorte de roue légère en bois) sur une bobine horizontale appelée roquet.
Étape 3 : Le doublage consistant à assembler les fils de deux roquets différents sur une même bobine.
Étape 4: Le moulinage qui imprime à un ou plusieurs fils un certain nombre de torsions par mètre pour consolider le fil et permettre la fabrication ultérieure de différents types de tissus.
 
Evolution du moulinage entre le XVIIe au début du XXe siècle :
Sur la zone du moyen et haut Eyrieux ainsi que sur le canton de Lamastre et de Vernoux il existait deux moulinages en 1720 l'un aux Ollieres et l'autre a Lamastre
En 1785 on en recensera 11 dont 1 à Saint-Christol, 1 à Saint-Pierreville, 3 à Gluiras, 5 à Saint-Albon d'Ardèche (Albon et Marcols) 1 à Saint-Etienne-de-Serre.
Le travail de la soie quittera le domaine artisanale pour passer au stade industriel au cours du XIXe siècle avec un pic de prospérité de 1820 à 1855.
La pébrine, maladie du ver à soie anéantira cette prospérité en 1853 décimant les élevages, afin de ne pas disparaître les moulinages arde chois commenceront à travailler des soies importées de Chine et du Bengale.
En 1868 on recensera 63 moulinages sont en activité dans les Boutières dont 6 à Dornas, 6 aux Ollières, 7 à Saint-Pierreville, 4 à Gluiras, 4 à Saint-Sauveur-de-Montagut et 16 à Albon-Marcols.
L'ouverture du canal de Suez en 1869 favorisera les importations.
En 1920 on recensera 75 moulinages dont 4 au Cheylard, 6 à Dornas, 4 à Vernoux, 5 à Saint-Pierreville, 6 à Gluiras, 11 à Marcols-Albon, 6 à Saint-Sauveur-de-Montagut.
La main d'oeuvre employé dans cette industrie etait essentiellement feminine celle-ci etant abondante et surtout peu exigeante.
 
Evolution du moulinage du XVIIe au début du XXe siècle :
Les années 1920 voient apparaître la rayonne puis le nylon dans les années 1950 qui viennent concurrencer fortement la soire naturelle, le coup fatal sera porté par le nylon.
De nos jours les ateliers de moulinage n(utilisent plus la force des cours d'eau, et la main d’œuvre est sans commune mesure avec ce qu'elle a était.
Cependant une culture et un savoir faire industrielle dans la soie naturelle fait qu'une petite vingtaine d'entreprise travaille encore dans le domaine du moulinage en Ardeche mais sur des fils synthétiques.
 
- le moulinage Jouanard installé sur le Talaron à Beauvène est l'un des cinq moulinages de Rhône-Alpes à ne travailler que la soie naturelle. L'entreprise date de 1835 et combinait alors la filature qui occupait une centaine d'ouvrières et qui est arrêtée depuis 1930 et le moulinage avec trente personnes. Les moulins étaient entraînés par une roue de pêche et aujourd'hui ils sont animés par deux turbines. En 1960 le moulinage occupait encore vingt ouvriers. Aujourd'hui M. et Mme Jouanard travaillent en famille avec leur fille. Ils doublent et tordent 1000 à 1500 kilos de soie par mois. La matière première vient de Chine et du Brésil. L'atout de l'entreprise est sa capacité à travailler les organsins (fil de soie formé de deux fils grèges tordus chacun dans le même sens puis retordus ensemble dans le sens contraire). Ce fil permet des ouvraisons délicates tel le crêpe Georgette ou des fils fantaisie. Le principal débouché est la haute couture et les grandes marques. L'irrégularité des commandes impose des horaires et un emploi du temps à la demande.
 
- La société de moulinage Riou occupe deux usines : l'une qui existait déjà au siècle dernier à Extramianoux (difficile d'accès) et qui a été agrandie, ainsi qu'une construction datant de 1985 au Pont de Chervil. L'entreprise appartient depuis plusieurs générations à la même famille. A l'apogée, elle occupait 13 employés qui produisaient 7 à 8 tonnes de soie par mois. Maintenant il n'en reste plus que 3 (la famille) qui produisent 1 tonne de soie par mois et 2 à 3 tonnes de synthétiques (la visite est exclue car la sécurité n'est pas assurée).
 
- L'entreprise Peyraverney est une société familiale, originaire de Saint-Julien Molin-Molette qui a installé un moulinage à Saint-Sauveur en 1951. En 1979, elle reprend un moulinage à Albon : le moulin du Cros qui est très ancien mais possède du matériel pour travailler la soie naturelle. A l'époque, il existe des débouchés pour ce marché.
En 1995-96 : reprise du moulinage de Paul Fournant aux Ollières (anciennement établissements Ducros, qui comptaient 180 ouvriers dix ans plus tôt).
L'usine d'Albon est transférée aux Ollières en juin 1999. Elle occupe 13 personnes au 1er janvier 1999, fin juin il y en a 22 et l'activité pourrait occuper 35 employés dans un an. 70% de la production est exportée notamment vers des pays européens.
 
- L'entreprise Bruno Durand est une entreprise locale qui a choisi de s'installer au Moulinon, près de Saint-Sauveur-de-Montagut pour bénéficier de personnel formé. Les établissements Ducros du Moulinon avaient été repris en 1983 par M. Fournant. Puis Bruno Durant, qui possède deux autres usines à Annonay et à Saint-Priest a repris l'activité en 1993. Il fait actuellement parti du groupe Scharzenbach. Il fabrique du textile pour l'habillement haut de gamme, notamment du lycra. 60% de la production part pour l'étranger (Italie, Allemagne).
Les établissements Durant employaient 189 personnes fin 1988 sur leurs trois sites. Il n'en reste plus que 150 fin juin 1999 dont 27 au Moulinon.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article